Jour 3 : Yolaine, conteuse, directrice du Festival de contes et menteries, Québec
Stéphanie m’a offert de vous donner des nouvelles. Est-ce que je pouvais en donner de moi? Tout de suite, le surmoi m’a dit : « Ça ne se fait pas! » C’est la partie qui s’assoit sur moi et me dit : « Tais-toi. » Et un jour, t’es toi dans le tais-toi.
Des fois, j’aimerais ne pas ressortir. Ne plus m’inquiéter en rentrant chez moi : est-ce que j’ai pris trop de place? Parlé trop fort? Mal choisi mes mots et blessé? Est-ce que j’ai propagé un virus, dont les pires qui soient : le manque d’écoute et de compassion?
Ici, comme une (ré)introduction, je vous écris.
Et je vous écrirai encore. Ailleurs. En d’autres temps. Je vous parlerai de celles et ceux que cette période a tué, blessé à n’en pas revenir. Celles et ceux dont je me suis inquiétée et qu’il faut dire. Parce qu’ils-elles n’ont parfois pas les mots, mais surtout n’ont pas la scène. Parce qu’ils-elles n’ont pas le temps, si occupé.e.s à prendre soin des autres.
Quand vous m’offrez le si précieux cadeau de vos oreilles, de vos yeux, de vos tripes, je cherche les mots et les histoires pour que nous puissions nous rejoindre dans les sombres recoins et replis de nos humanités, pour qu’on se donne l’ « en Vie » de voir, d’écouter, de ressentir encore. Pour qu’on berce ensemble les blessures du monde.
Pour revenir à moi, parfois, il y a un chemin de silence.
D’autres fois, pour revenir à moi, c’est vers vous que je marche.